Click and collect !
En ces temps de pandémie de nouveaux réflexes et de nouveaux comportements se sont invités. Désormais à défaut de chalandise, tout un chacun se voit offrir, quasi sans délai, l’objet de son attente par un simple click de souris sur son ordinateur. Tout arrive dans le creux de la main!
Dès lors, il n’est guère étonnant que notre notion du temps s’en trouve bouleversée avec les inquiétudes qui accompagnent une vision parfois bien improbable de notre futur. D’où dans les domaines les plus sensibles, et en toute logique, un postulat d’Urgence s’impose.
Urgence dans la prévention sanitaire, Urgence dans les vaccinations, Urgence dans la reprise économique, enfin Urgence climatique.
Mais le temps est insondable: aucune feuille de route ni aucune projection précise ne peuvent hélas répondre avec exactitude à toutes ces lignes de conduite. On le voit même avec les Accords de Paris sur le climat, dont les objectifs nécessitent une réactualisation quasi permanente.
Le temps devient ainsi un enjeu crucial, mais bien difficile à maîtriser. Ceci par défaut d’anticipation plus précise et par absence de recul. N’oublions pas que le terme même d’Urgence reste étroitement associé à la notion de catastrophe, qu’il s’agisse d’un incendie à éteindre ou d’un service hospitalier. Dans l’urgence, il s’agit de foncer en appliquant des protocoles établis; mais comment faire si des incertitudes subsistent dans un cadre incertain et non accepté ?
Aujourd’hui, c’est dans un monde piégé par le temps et en attente de réponses sécurisantes que les questions se posent lors de la prise de mesures d’urgence. Quelle est la garantie de leur validité et l’assurance de leur effet, si possible dans un terme aussi proche que possible ? Pour cela rappelons-nous que l’Urgence ne saurait écarter l’art de savoir œuvrer en bonne intelligence, surtout lorsque ces mesures sont prises par une autorité politique, car dans nos démocraties, c’est la tradition du dialogue qui doit permettre de construire l’ordre des décisions.
A l’heure où beaucoup de mesures sont engagées ou appelées à être prises dans l’urgence, il faudra ne pas perdre de vue un bon sens à la hauteur des vertus cardinales qui ont construit nos sociétés. Mais, avec les réseaux sociaux, où certains cherchent à alarmer et à imposer une vision complotiste ou encore à bâtir un fascisme du futur, nous devons savoir raison garder.
Plus que jamais une dose de bon sens et de sérénité se révèle nécessaire, comme ce fut le cas lorsque nos ancêtres ont eu, eux aussi, à affronter des crises majeures.
Menace sur la rue du collège
Nous avons déjà évoqué dans nos précédents bulletins le lancinant problème du rapide accroissement démographique de notre agglomération et de l’explosion des besoins de mobilité.
Cette évolution est clairement visible dans des secteurs comme celui du Rondeau ou encore à la rue de la Fontenette, où les embouteillages
sont quasi quotidiens.
Les récentes informations apportées au niveau communal par le Département cantonal du territoire et les Transports publics genevois ne sont pas de nature à nous rassurer.
C’est en effet un projet de croix avec ligne ferroviaire (tram) et ligne de bus qui est envisagé au centre de notre périmètre historique.
A raison d’une desserte pour les lignes de trams 12 & 18 d’une part et pour les lignes de bus 11 et 21 avec une fréquence horaire future de 7,5 minutes dans chaque sens, on peut s’attendre au bas de la rue Ancienne, à un passage alterné toutes les trois ou quatre minutes d’un convoi.
Pour comprendre cette situation, il est utile de considérer le parcours de la ligne de bus 11 qui forme une ceinture d’agglomération et qui, à ce titre, va desservir un bassin de population comportant plusieurs dizaines de milliers d’habitants.
Par ailleurs, et comme nous avons eu l’occasion de le relever à plusieurs reprises, le trafic ferroviaire des lignes de trams 12 et 18 est appelé à s’accroître au cours des années à venir sous la pression démographique des nouveaux quartiers construits sur les communes voisines de Lancy et de Plan-les-Ouates notamment. Notre récente pétition demandant l’étude d’une variante de voie de délestage du tram ayant été écartée pour le moment par les autorités cantonales, la situation va se dégrader.
Actuellement, le Département du territoire a planifié un croisement de ces lignes de transports publics au cœur de Carouge et cherche à accélérer la mise en place d’une voie de bus à double sens à la rue du Collège. On invoque à ce sujet l’urgence de réaliser sur ce tracé des travaux du réseau de chauffage à distance (CAD) pour partie déjà achevé dans le cadre de la récente réfection de la route de Veyrier.
L’an passé, le Conseiller administratif responsable de l’urbanisme avait déjà saisi le Conseil municipal d’une demande de crédit d’étude portant sur la réfection des rues de la Fontenette et des Moraines dans la perspective d’y enterrer des conduites du réseau CAD.
Cette année, une proposition de mise à double sens pour un passage de bus refait surface. Mais la question de fond reste entière. Pourquoi
vouloir faire passer un croisement de lignes structurantes pour le trafic de transports public interurbain à travers le coeur de notre Commune? Cela résulte d’une absence de vision d’ensemble. Dans tous les autres Centres historiques ce sont des circuits d’évitement qui sont envisagés. Dans le cadre des consultations menées pour la révision de notre plan directeur communal il y a une année, nous avions déjà
formulé nos observations et fait des propositions.
Mais cela semble bien être resté lettre morte. Le résultat c’est qu’aujourd’hui on semble toujours, sous des prétextes divers, persister à vouloir transformer nos rues en corridors à transports publics, quitte à négliger la présence d’une école, d’un home pour personnes âgées, de terrasses et d’une Migros de quartier.
Branle-bas de parkings
Ce sont vingt-deux places de parkings qui ont été réquisitionnées à la fin du mois de février face à la Clinique de Carouge à l’avenue Cardinal-Mermillod. À usage exclusif de dépose-minute pour des citoyens motorisés venant se faire vacciner à ce centre de vaccination anti-Covid. Ceci 7 jours sur 7 et jusqu’au 31 janvier 2022 !
Cette mesure prise d’autorité par le Conseil d’État interpelle. Alors que l’on trouve deux parkings souterrains à proximité immédiate et qu’un arrêt de trams et de bus est à une enjambée, on se demande si une telle mesure n’a pas été prise à la légère. Quatre cases pour handicapés auraient pu faire l’affaire sans mobiliser tout un tronçon de rue. Les commerces et habitants riverains sont inquiets d’une décision aussi abrupte et qui les prive d’accès en supprimant sept places d’horodateurs, deux places de livraison et treize places bleues. Entre une politique municipale qui aspire à promouvoir le maintien du petit commerce et des décisions prises au pied levé et d’autorité par le canton, il y a deux mondes !
Le Boulet une retrospective (1)
Cher lecteur, peut-être vous êtes vous interrogé sur les origines et le parcours d’une Association telle que la nôtre? Et ceci sans avoir nécessairement toutes les réponses souhaitées sur son parcours et sur son rôle joué dans notre Commune. Afin d’y répondre, du moins pour partie, nous avons décidé de faire paraître, cette année, divers articles propres à dresser une petite rétrospective.
C’est au mois de mars 1975, que plusieurs habitants de Carouge décident de créer une association de sauvegarde. Alertés par des vagues de démolition entreprises à l’époque, ses cinq fondateurs, bientôt rejoints par un sixième, font paraître un premier bulletin sous la forme d’un pamphlet qui fustige le comportement des instances chargée alors de la protection du Vieux-Carouge. Le nom de Boulet est choisi en rappel d’un tir d’artillerie autrichien visant Carouge le 28 juin 1815 et de la plaque commémorative dès lors apposée au no 2 de la rue St-Joseph .
Parmi les attentes figurent la demande de réaliser un inventaire des immeubles et d’établir un plan de protection ainsi que la création d’un musée. S’y ajoute une demande de sauvegarder l’Auberge du Cheval-Blanc, promise à une démolition et de ne plus poursuivre une politique
de protection des seules façades de l’empaillage négligeant la protection des intérieurs. Prémonitoire, le bulletin souhaite aussi obtenir « des rues plus sûres, moins bruyantes où l’on puisse aller à pied, en vélo, sans risque ; où l’auto soit tolérée (au pas) et non plus exclusive. Nous devons refuser d’accepter que les trottoirs diminuent de largeur ».
Dès la création du Boulet, son premier président était Jean Guillermin. Au sein du premier Comité figuraient des habitants riverains de l’îlot de la rue Ancienne bordant l’école de Jacques-Dalphin où un projet de salle de gymnastique, finalement abandonné, était prévu par les Autorités communales en emprise sur les jardins. On comptait également deux jeunes architectes auteurs d’une exposition présentée à Zurich, puis à Carouge, sur les problèmes des vieilles villes à l’exemple de Carouge. Il faut savoir que l’année 1975, consacrée Année Européenne de patrimoine, avait marqué les esprits à l’époque.
Au mois d’avril 1976 paraît un second bulletin de douze pages qui met l’accent sur le Carouge qui disparaît et sur la nécessité de disposer d’un inventaire scientifique. Le Boulet vient alors d’adhérer à une Fédération franco-italo-suisse des quartiers anciens « Civitas Nostra ». Notre groupement commence également à suivre sur la Feuille d’Avis Officielle les diverses requêtes en autorisation de construire déposées dans le Vieux-Carouge.
Notre première intervention auprès du Département des travaux publics vise à s’opposer à la démolition de l’un des plus anciens bâtiments de Carouge, l’ancien hôtel de l’Ecu de Savoie (actuel Centre musical ). En mai 1976, le Boulet déposera avec deux Associations de sauvegarde une pétition à ce propos auprès du Grand Conseil. Une opposition va également être déposée à la démolition de la maison Trémège au no 22 de la rue de la Filature. En 1977, le Boulet réunit 1380 signatures pour contester une délibération municipale qui refusait un rachat par la Commune de l’ancien hôtel de l’Écu de Savoie à la Fondation du Vieux-Carouge. L’affaire fera long feu, compte tenu qu’à l’époque il n’était pas possible de déposer un référendum contestant une délibération négative à l’échelon communal. Suite à cet imbroglio, le Grand-Conseil légiférera pour introduire un droit d’initiative au niveau communal. Les relations avec les Autorités communales et particulièrement avec le Conseil administratif d’alors, qui continue à pratiquer des choix de démolition, sont tendues comme en attestent les petits croquis satiriques qui paraissent dans le Bulletin.
La même année entre en vigueur sous l’impulsion du Conseiller d’État libéral Jaques Vernet une nouvelle loi cantonale sur la protection des monuments de la nature et des sites (LPMNS). Cette loi prévoit l’octroi de la qualité pour agir aux Associations de sauvegarde œuvrant par pur but idéal pour la protection des monuments de la nature et des sites. Deux membres fondateurs du Boulet vont pouvoir entrer de plein droit dans la Commission cantonale des monuments, de la nature et des sites (CMNS) et être ainsi désignés au sein de la Commission cantonale du Vieux-Carouge (CVC) qui préavise les dossiers à l’époque. La même année, la création pour la première fois d’un Service cantonal des monuments et des sites sera confiée à un jeune architecte carougeois très engagé dans la protection du patrimoine (Pierre Baertschi). Ces décisions vont contribuer à marquer fortement l’évolution de la protection du Vieux-Carouge. En effet, on assiste dès lors à un tournant de la politique de protection qui se transformera, notamment au début de la décennie suivante, avec l’abandon de plusieurs projets
de démolitions (ancien hôtel de l’Ecu de Savoie, ancienne auberge du Cheval-Blanc et maison Trémège notamment ). En 1982 un plan de site novateur va pouvoir être adopté. (à suivre.)
Un building dans un mouchoir de poche
Alertés par ces velléités de démolition, les habitants riverains se sont mobilisés à deux reprises en 2018 puis en 2020 en déposant des pétitions à l’adresse du Conseil municipal. La première requête a été écartée à une voix près alors que la seconde pétition a été accueillie favorablement avec invitation au Conseil administratif de prendre contact avec le Département du territoire et son chef Antonio Hodgers en vue de sauvegarder la chapelle. On attend la suite.
le Boulet en confinement 2021
Compte tenu du fonctionnement réduit de nos activités cette année, des visites et conférences n’étant pour le moment pas rendues possibles, il a été décidé de fixer un montant de cotisation 2021 exceptionnellement réduit à CHF 15.- (au lieu de CHF 25.-) . Ceci permettra à nos membres de recevoir les trois bulletins annuels du Boulet.
Coup d'œil à travers Carouge
Page d'Histoire
Église Sainte-Croix: des parements en brique
En effet, la construction de l’édifice débute en 1777 sur les plans de l’architecte Guiseppe Piacenza. La pose de pieux en bois va modifier l’avance du chantier, dont seul un tiers de la nef prévue initialement sera finalement réalisé. Le 11 juin 1780, l’édifice est inauguré par Mgr Biord, évêque d’Annecy.
Or, lors d’une restauration extérieure conduite en 2002, cette hypothèse a pu être vérifiée par un piquage partiel et localisé en façade de la nef. Les éléments décoratifs se sont en effet révélés être bel et bien en terre cuite. C’est donc très probablement par un souci d’unification qu’ils ont été revêtus par la suite d’une couche de ciment et de crépi.