Après un annus horribilis,
des lueurs d’espoir
Si la cour d’Angleterre avait fait état en 1992 d’un « annus horribilis », une année horrible, que doit -on penser en 2020 du séisme sociétal que nous venons de vivre au cours des dix mois écoulés ? Dans une petite cité comme Carouge, connue pour son tissu social animé par une diversité d’échoppes et des commerces ainsi que pour son marché où les producteurs locaux sont bien présents, ce sont aussi des animations festives et culturelles qui viennent enrichir la vie de nos places et de nos rues. Or, depuis de nombreux mois, cette effervescence s’est à l’évidence tarie. En effet, par son essence même, le confinement est une action de repli. Si la technologie a permis de maintenir certains liens entre groupes sociaux, c’est sous une forme dématérialisée. L’information y circule souvent sans contrôle et des avis se forment sur des à priori. Les fake news brouillent aussi les messages. Ce qui frappe le plus avec ces nouveaux outils c’est, bien sûr, la délocalisation qu’ils engendrent. Désormais vous pouvez échanger vos informations avec des correspondants situés aux quatre coins de la planète. Entre frustration et isolement, changements d’échelle et dématérialisation, il devient difficile de garder des repères. Le manque de contacts entre amis, entre membres d’un même club ou d’une société, entre voisins, entre collègues de travail ou encore entre usagers de différents espaces publics est durement ressenti par une large part de la population. Dès lors, c’est avec nostalgie qu’on évoque certains éléments festifs, suspendus en l’état, comme la Fête de la musique, la Fête des promotions et la Vogue ou encore des manifestations sportives et culturelles. Et d’évoquer avec impatience un retour à la vie normale.
La fondation du Vieux-Carouge
Finalement une partie de l’îlot sera reprise par la Fondation carougeoise pour le logement des personnes âgées qui y aménagera des appartements D2.
Relevons que c’est suite à l’action du Boulet et au soutien apporté par le magistrat à l’époque à la tête du Département des Travaux publics, Christian Grobet, que la démolition du bâtiment de l’ancien hôtel de l’Ecu, devenu le Centre musical carougeois, sera évitée. Par la suite, la Fondation du Vieux-Carouge, en lien étroit avec la Commune, entreprend de nombreuses rénovations et sauvetages d’immeubles. Citons les immeubles suivants :
- Immeubles Champendal (1975-1976) rues du Collège et Jacques-Dalphin – revendus à la Caisse de pension du personnel au terme des travaux.
- Immeuble de l’ancienne Auberge du Cheval- Blanc (1981-1983) acheté en 1958 par l’Etat en vue de sa démolition, puis revendu en 1976 à la Fondation, ceci à l’initiative du Conseiller d’Etat Jaques Vernet, favorable à sa conservation.
- Immeubles 43-47 rue Ancienne – racheté en 1978, puis revendu à la Caisse de pension qui conduira les travaux de rénovation.
- Immeuble 10 rue du Collège (1993) racheté à un privé.
- Immeuble 1 rue Saint-Victor (1995) racheté à un privé
- Immeuble du Café des Négociants (1999) racheté à un privé; l’immeuble avait connu un squat.
- Immeubles 16 et 16 bis rue Joseph-Girard (achat en 2013 – travaux achevés en 2020).
A ce sujet, tous les Carougeois qui ont pu suivre l’évolution de la vie politique locale seront amusés de voir quelle a été la succession des président appelés successivement à la tête de cette Fondation: Raymond Zanone, Edouard Terrier, Jean Montessuit, Maurice Schneeberger, Gérald Dentand, Alain Saracchi, Pierre Baertschi, Anne Hiltpold, Patrick Monney, Stéphane Barthassat .
A l’heure où une gentrification guette le devenir du Centre de Carouge, cette Fondation doit aujourd’hui se porter garante du maintien d’une vie commerçante diversifiée et d’une offre, certes limitée, en logements accessibles à notre population.
Le monument funéraire du centurion illustre par des monnaies
Chacun a pu voir le monument funéraire du centurion romain Marcus Carantius Macrinus qui décore le hall d’entrée de la mairie de Carouge. Rares sont ceux qui se sont penchés sur la plaquette explicative et savent de quoi il s’agit. Découvert en 1805 à l’angle de la route de Veyrier et du chemin du Centurion, à qui il a donné son nom, il constitue, avec le nom latin de Carouge, quadrivium, un des principaux vestiges de l’époque romaine de notre cité. Sur son monument funéraire, le centurion mentionne tous ses états de service avec les dates de ses entrées en fonction.
Sous la République romaine les années étaient déterminées par les noms des deux consuls en exercice. Les Fastes consulaires, découverts en 1546-1547, donnent la liste de tous les consuls depuis 509 av. J.-C. à 541 ap. J.-C. Cette tradition s’est perpétrée sous l’Empire. Le consulat était devenu alors surtout honorifique et les empereurs l’assumaient très souvent pour pouvoir donner leur nom à l’année. Sur les monnaies, les empereurs faisaient figurer, outre leur portrait et leur nom, les charges qu’ils exerçaient ou les titres qu’on leur conférait, tels que le consulat, la puissance tribunicienne, les acclamations pour une triomphe etc. Comme ces charges étaient annuelles et que les empereurs ne les exerçaient pas chaque année, il faut procéder par combinaison et élimination pour faire correspondre une date de l’époque romaine à notre calendrier.
Sur l’inscription du monument, toutes les dates se résument au seul consulat de l’empereur et sont abrégés par COS (consul). Quand l’empereur n’est pas nommé consul deux années de suite, son consulat précédent continue à être mentionné dans les inscriptions et il manque donc un élément pour affiner la date.
Les monnaies romaines sont les sources les plus complètes pour les titulatures impériales. La multitude des indications contenues dans les titulatures permettent souvent une datation à quelques mois près. Il semblait donc intéressant d’illustrer chaque date mentionnée sur le monument par une monnaie contemporaine. La liste ci-dessous donne en gras la correspondance entre l’inscription du monument et la monnaie contemporaine illustrée.
DOMITIANO II COS
2ème consulat de Domitien César (69-81), soit en 73. Domitien a endossé son 3ème consulat l’année suivante. Sur l’avers de la monnaie on lit : CAES(AR) AVG(VSTI) F (ILIVS) DOMIT(IANVS) COS II.
VESPASIANO X COS
10ème consulat, de Vespasien (69-79). Il y a là manifestement une erreur, car Vespasien est décédé en 79, année de son 9ème consulat. Rien d’étonnant à ce qu’aucune monnaie correspondante n’a pu être trouvée.
DOMITIANO VIIII COS
9ème consulat de Domitien Auguste (81- 96), soit en 83. Domitien a endossé son 10ème consulat l’année suivante. A l’avers on lit : IMP(ERATOR) CAES(AR) DOMITIANVS AVG(VSTVS) P(ONTIFEX) M(AXIMVS) et au revers TR(IBVNITIA) POT(ESTATE) II COS VIIII DES X P(ATER) P(ATRIAE). La titulature précise que Domitien est déjà désigné pour son 10ème consulat l’année suivante et qu’il avait reçu le titre de père de la patrie.
DOMITIANO XIIII COS
14ème consulat de Domitien Auguste, soit entre 88 et 89. Domitien ne sera consul pour la 15ème fois qu’en 90. L’avers de la monnaie porte DOMITIANVS AVGVSTVS et le revers COS XIIII et le titre de GERMANICVS qu’il avait reçu en 83.
IMP NERVA II COS
2ème consulat de Nerva (96-98), soit en 96. Nerva avait déjà été nommé consul pour la seconde fois en 90, alors qu’il n’était que sénateur. Proclamé empereur en 96, il reprend ce consulat dans les titulatures de sa première année de règne. Il sera nommé consul pour la 3ème fois en 97. À l’avers de la monnaie Nerva porte la titulature suivante : IMP NERVA CAES AVG P(ONTIFEX) M(AXIMVS) TR(IBVNICIA) P(OTESTATE) COS II P(ATER) P(ATRIAE). La même année Nerva avait également reçu les titres de père de la patrie et assumé la puissance tribunicienne.
Dans l’inscription Nerva est le seul empereur à porter le titre d’IMPERATOR, l’empereur en exercice. On peut donc supposer que le monument a été érigé avant sa mort survenue en 98.
Michel Durr
Rues piétonnes: faut-il généraliser les résilles à vocation décorative ?
Assemblée générale statuaire 2020
Alors que la situation sanitaire paraissait permettre certains relâchements vers le début du mois de septembre 2020, nous avons dû, peu après, renoncer à tenir notre Assemblée Générale 2020 en présentiel. Nos membres ont donc reçu une information à ce sujet dans notre Bulletin no 2/2020 avec l’annonce que nous allions, cette année, procéder à une consultation par voie écrite. Les rapports statutaires étant à disposition sur demande, nous avons reçu en retour trente-cinq bulletins de vote qui tous ont fait état d’une approbation. Nonobstant quelques petits problèmes liés à l’absence temporaire de notre webmaster, nous avons pu faire suivre toutes les réponses souhaitées aux demandes qui nous ont été adressées.
Votre Comité tient ici à vous exprimer nos remerciements pour ce soutien apporté à notre groupement dans cette période difficile. Nous tenons également à vous assurer que nous entendons reprendre, dès que possible, un rythme plus normal d’activités. Ceci avec, outre un suivi de parution de nos bulletins à un format désormais de huit pages, également l’organisation de nos traditionnelles conférences et visites.
Coup d'œil à travers Carouge
Page d'Histoire
La zone des Minoteries: un site carougeois qui a bien changé
En un demi-siècle, la zone des Minoterie est devenue méconnaissable. Sur place il ne reste plus grand-chose. Les silos des minoteries Sylvant ont fait place à une clinique. L’ancien bâtiment de la minoterie, aujourd’hui restauré, abrite au rez-de-chaussée des locaux médicaux et des logements aux étages. On trouve encore une ou deux attaches des lignes aériennes qui rappellent que sur cette ancienne rue d’Arve il existait une voie de tram sur laquelle circulaient des convois amenant des wagons de blé aux minoteries. L’Ancienne serrurerie genevoise qui travailla notamment à la production des fenêtres du complexe du Lignon abrite maintenant l’oratoire Saint-Joseph. Une seule colonne au bord de l’Arve rappelle les anciens abattoirs. D’autres colonnes ont été récupérées pour la restauration de l’immeuble Champendal. Le café des Turbines, devenu café des Silos a disparu. Le bâtiment qui abritait les dépôts du Grand-Passage a fait place à un centre administratif et commercial. L’ancienne fontaine a heureusement été préservée et décore maintenant l’emplacement derrière le temple. Gérald Berlie